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Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 27 oct. 2013 21:37
par THEMISTRAL7
En faisant des recherches généalogiques, je suis tombé sur un parent éloigné nommé Georges Couderc et le texte suivant :
"Vers 1910, il développe aussi des variétés d'agrumes dont certains résisteront au terrible hiver 1928-1929 (-17°)"
Source: http://www.medarus.org/Ardeche/07celebr ... eorges.htm

Intrigué, je recherche ses travaux publiés dans la revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale. 2e année,
bulletin n°15, novembre 1922. pp. 617-627 de Couderc Georges. La création d'Agrumes résistant au froid.

Voici quelques extraits du texte qui vous inciterons à lire l'article au complet...

.../ une variété que M. Couderc appelle Mandarine de Grimaud est remarquable par sa résistance au froid.
Alors que la gelée du 17 décembre 1919 a gelé jusque rez terre à Grimaud (Var) tous les mandariniers, cette variété est restée intacte. De même un peu partout dans le Var et les Alpes-Maritimes jusqu'aux portes de Nice. Elle y est d'ailleurs rare et par pieds isolés. A Aubenas elle est aussi très résistante, même franche de pied.../

.../ j'ai notamment un Oranger de semis obtenu ainsi, très épineux, mais à fruit gros et excellent, qui résiste sans
perdre une feuille à des froids de — 14°.../

Lien :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _2_15_1466

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 27 oct. 2013 22:23
par maya
Très instructif.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 27 oct. 2013 23:19
par Sylvain
Exactement tout ce qu'on fait maintenant. Greffes hautes de variétés résistantes sur Poncirus trifoliata.
À remarquer que l'article est écrit par Auguste Chevaler le découvreur du Citropsis mirabilis! :)

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 28 oct. 2013 00:13
par THEMISTRAL7
Exactement et toujours du même auteur page 224

Le Mandarinier Unschu
Agrume japonnais cultivable dans une grande
partie de la France Par Aug. CHEVALIER.

http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... m_2_9_1358

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 28 oct. 2013 13:52
par steinway
Je l avais entendu dire en parlant avec des personnes ardéchoises mais je n y croyais cas demi. Idem du côté de Montauban avec d autres agrumes.
Un grand merci pour tes informations. :D

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 28 oct. 2013 16:53
par maya
C'est pas toujours si froid qu'on imagine l'Ardèche. J'ai même vu des mimosa à Privas.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 28 oct. 2013 18:27
par Olive07
Des bananiers dans le jardin du curé, à coté de Largentière !

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 28 oct. 2013 18:49
par arashi
C'est vraiment très intéressant!
Que sont devenues ses variétés ? son jardin?

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 29 oct. 2013 01:08
par foufouche
Passionnant...ça paraît tellement limpide, presque simpliste telle que l'expérience est relatée.
Ce témoignage souligne bien le manque de progrès et d'évolution dans le domaine du rustique en France....1 siècle après, les agrumes se sont démocratisés mais n'ont pas dépassé le seuil de la véranda...ou si peu.

J'ai aussi relevé une confirmation de la discussion tenue il y a quelques temps sur la "bizarrerie" d'un des plants de Gerhardt pour ceux qui l'ont lu:

page 623: "Les épines des aurantiacées sont au point de vue organographique des tiges avortées. la preuve en est que sur les sujets très vigoureux, provenant du couronnement d'un vieil oranger par exemple, on voit souvent les épines se terminer par un bourgeon, bourgeon qui se développe en rameau, si on rabat le rejet au-dessus de la dite racine."

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 29 oct. 2013 09:32
par THEMISTRAL7
Encore un article intéressant de 1924 sur la mise en place d'une pépinière en Algérie où il est fait référence à Georges Couderc.

../L'Oranger ainsi greffé est assez ramifié, mais beaucoup moins que lorsqu'on le greffe sur Poncirus trifoliata
ou Triptera, le petit Agrume à feuilles caduques et très rustique duquel notre collaborateur M. Couderc a obtenu des hybrides, très remarquables, surtout quand ils sont greffés sur Triptera, par leur résistance à un climat trop froid pour l'Oranger franc de pied../..

http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _4_33_4183

Il convient également de rechercher l'article publié dans la revue La Parfumerie moderne (août 1922). Mes recherches sont pour l'instant infructueuses... Il faut retrouver l'exemplaire papier, le scanner et le mettre en ligne. Les archives nationales doivent être une piste à suivre.
"La publication récente dans La Parfumerie moderne (août 1922) d'un intéressant mémoire sur l' Influence du greffage sur la résistance au froid des Aurantiacées par M. Georges Gouderc nous permet de compléter nos premiers renseignements.""

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 03 nov. 2013 18:12
par jm
Il me semblait bien qu'on en avait parlé là :
http://www.agrumes-passion.com/livres-a ... c2578.html

Et n'oublions pas ses cépages interdits désormais mais trouvables ici :
http://www.cochetfrederic.com/raisins-d ... stant.html

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 04 nov. 2013 09:12
par arashi
Sachant qu'un agrume peut vivre 500 ans,
Si son jardin n'a pas été rasé, il y a une chance de retrouver
ses expérimentations .

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 04 nov. 2013 09:56
par maya
500 ans ... greffé c'est pas sur non ?

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 04 nov. 2013 22:14
par THEMISTRAL7
Il y a peu de chance, que la production des Agrumes de table de Georges Couderc et du pépinièriste d'Ales évoqué plus haut puisse survivre aux 4 vagues de froid de 1956 (ci-dessous). Seuls, les PG ont pu survivre, certains Poncirus et Citranges ont pu passer l'hiver de 56 ainsi que celui de 1985, mais le plus important est la voie qu'il nous a montrée, des Citranges de Montauban en Provence existent encore, il suffit de retrouver ces arbres de grandes tailles qui ont à mon sens une importance énorme car ils symbolisent par leurs survies tout le travail de Georges Couderc mais ils représentent également une preuve de la force du vivant et de l'évolution.

Février 1956 : le mois le plus froid du XXème siècle, constitué non pas d’une mais de 4 vagues de froid majeures. En 3 jours, la température chute de 20 à 25°C sur la plupart des régions.
1ère vague de froid : flux de nord-est bien établi du 1er au 4.
01/02/1956 : -14°C à Boulogne-sur-mer
02/02/1956 : -14.7°C à Paris-Montsouris, -9°C à Toulon, -6°C à Antibes.
Neige abondante sur la Côte d’Azur et la Corse : 31 cm à la villa Thuret d’Antibes, 18 cm à Bastia, 10 cm à Nice, 6 cm à St Raphaël, 2 cm à Bonifacio.
03/02/1956 : -16.5°C à Caen, -11°C à Biarritz, -9.5°C à Brest, -8.4°C à Belle-Ile.
Calme du 5 au 9 :

2ème vague de froid : flux de nord-est fort du 10 au 12.
10/02/1956 : -21°C à Château-Chinon, Besançon et Belfort, -15°C à Montélimar (avec 24 cm de neige au sol), -14°C à Nîmes, -11°C à Perpignan.

11/02/1956 : -22.5°C à St Etienne, -20°C à Aix-en-Provence, -18°C à Salon-de-Provence, -17°C à Marseille-Marignane et au Luc, -14°C à Tarbes, -12°C à St Raphaël, 50 cm de neige à Bordeaux. Déluge de neige sur le Var : 70 cm au Cap Camarat (près de Toulon), 60 cm à St Raphaël et au Cap Cavallo, 52 cm au Luc ; 30 cm à Antibes, 21 cm à Bastia, 17 cm à Ajaccio et Aix-en-Provence, 15 cm aux îles sanguinaires, 12 cm à Bonifacio, 13 cm à Marignane, 10 cm à Salon-de-Provence, 9 cm à Carcassonne et 8 cm à Perpignan.

3ème vague de froid du 13 au 15, flux de nord/nord-est.
13/02/1956 : -15°C à Pau

14/02/1956 : -20°C à Melun, -19°C à St Quentin (Aisne).

15/02/1956 : -22°C à Agen, Limoges et Nevers, -21°C à Lyon et Mâcon, -20°C à Dijon et Grenoble, -19°C à Toulouse, Cognac et Embrun, -17°C à Poitiers et Mont-de-Marsan, -16°C à Nantes, -15°C à Bordeaux, -5°C à Menton.

Calme du 16 au 18.
16/02/1956 : -5°C à Bastia
http://www.wetterzen...00119560216.gif
17/02/1956 : -23°C à Metz

4ème vague de froid du 19 au 27 :
20/02/1956 : -22°C à Strasbourg
21/02/1956 : -25°C à Nancy, -20°C à Reims, -18°C à Lille, -17°C à Dieppe, congères de 70 cm à Arcachon.
22/02/1956 : -18°C à Gourdon (Lot)
Nouvelles chutes de neige sur les régions méditerranéennes, s’ajoutant à la neige n’ayant pas eu le temps de fondre : les cumuls au sol atteignent 23 cm à Cannes, 22 cm à St Raphaël et au Luc, 20 cm à Orange, 17 cm à Nîmes, 16 cm à Salon-de-Provence, 13 cm à Marignane, 10 cm à Istres et 4 cm à Carcassonne.

Au cours de cette vague de froid, en Lorraine, le lait gèle dans les bidons, le vin gèle dans les caves des épiceries, faisant éclater les bouteilles, les céréales gèlent car la neige protectrice est arrivée après les grands froids. La Moselle gèle sur une épaisseur de 25 cm. Dans cette région, à cette époque, les mal logés sont légion et le chauffage est un luxe ; les parents craignent que leurs enfants meurent de froid. Il gèle dans les salles de classe des écoles.
Il gèle tous les jours du mois ou presque. Cannes compte 20 jours de gel. La neige couvre les sols d’Antibes pendant 23 jours (Nice : 5 jours « seulement », idem au cap Ferrat).
La moyenne de février 1956 à Paris (-4°C) correspond à la moyenne des mois de février à Oslo en Norvège.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 10 nov. 2013 19:49
par jm
arashi a écrit :Sachant qu'un agrume peut vivre 500 ans,
Si son jardin n'a pas été rasé, il y a une chance de retrouver
ses expérimentations .
D'après l'article, il n'est pas allé plus loin que certains d'entre nous : ses conclusions sont que le kumquat et le satsuma sont les agrumes mangeables les plus résistants au froid (je crois qu'on le savait, du reste aucun intérêt de mettre un kumquat en pleine terre), le poncirus peut faire un bon PG (il n'en voit pas l'intérêt dans l'hybridation).
Sa véritable œuvre, ça reste les vignes.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 11 nov. 2013 12:22
par arashi
Il est quand-même question de sélections de semis les plus résistants
au gel de variétés "commerciales", ou alors je n'ai rien compris.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 17 nov. 2013 11:59
par jm
arashi a écrit :Il est quand-même question de sélections de semis les plus résistants
au gel de variétés "commerciales", ou alors je n'ai rien compris.
Ce qui semble notable pour lui ou les rédacteurs des articles d'après les conclusions :
-L'intérêt du PT en PG pour la résistance au froid.
-La possibilité de l'utiliser pour créer des hybrides.
-L'intérêt du satsuma au nord de la zone de l'oranger.
Ce qui est déjà bien pour l'époque

En revanche, ses semis ne sont pas marquants dans ses conclusions. Ce qui ne veut pas dire qu'ils étaient sans intérêt (on a l'exemple de la Juanita).
Il peut y avoir plusieurs explications :
- ils n'étaient pas aussi résistants qu'il le croyait ;
- ils ont été détruits par des gels exceptionnels et non sauvegardés ;
- ils auraient pu gêner l'économie des départements d'Algérie en créant une concurrence en zone méditerranéenne métropolitaine.
- l'agrumiculture en métropole n'aurait jamais pu être compétitive face à l'agrumiculture en Algérie (coût de la main d'œuvre)

Il serait certes intéressant de retrouver ces variétés, mais abandonnées depuis 100 ans dans un champ ça semble improbable.

Par contre, une description détaillée de ses protocoles et expériences serait passionnante pour les reproduire.

Re: Georges Couderc - agrumes résistants au froid en Ardèche

Posté : 17 nov. 2013 20:05
par THEMISTRAL7
jm a écrit : Ce qui semble notable pour lui ou les rédacteurs des articles d'après les conclusions :
-L'intérêt du PT en PG pour la résistance au froid.
-La possibilité de l'utiliser pour créer des hybrides.
-L'intérêt du satsuma au nord de la zone de l'oranger.
Ce qui est déjà bien pour l'époque.
- Tout d'abord, le domaine de prédilection de Georges Couderc (1850-1928) est la vigne, il ne s'est intéressé aux agrumes que sur la fin de sa vie, il décède en 1928, soit peu de temps pour expérimenter des recherches sur des agrumes dont la période juvénile est importante.
Il est également important de comprendre l'environnement économique et politique de cette époque pour situer le cadre de ses recherches.
- Les publications datent des années 20, soit au sortir de la première guerre mondiale à un moment où la vie en France et en Ardèche est particulièrement difficile, la France est exsangue, sans parler de l'impact de la grippe espagnole qui à décimé de nombreuses personnes en Ardèche comme dans le reste de la France. (A titre d'information, une branche de la famille Couderc moins fortunée vivait à Sablières et ne subsistait aux hivers rigoureux qu'en mangeant des châtaignes). La culture des agrumes restait plus que confidentielle à cette époque où à Noel les enfants recevaient une mandarine comme cadeau.
- Ses expérimentation étaient réalisées en Ardèche qui est bien loin de la zone de l'Oranger, sans les moyens financiers d'Universités Américaines et du secteur de l'agrumiculture dont à pu bénéficier des chercheurs américains plus illustres.

En dépit de tous ces facteurs, sa contribution reste importante dans les domaines suivants : hybridation - acclimatation -sélection de semis...
Je pense que ceux qui ont lu les articles ont du être surpris que Satsumas, Citranges et Poncirus faisaient l'objet de recherches au début du 20 siècle dans l'Ardèche alors que les satsumas ne sont dans les jardineries que depuis moins de 10 ans.
Quels sont les chercheurs qui ont pris la relève entre 1930 et 1958, date de création du centre de recherches de San Giuliano ? Alors ce n'était pas seulement "bien pour l'époque" mais totalement avant-gardiste.

Je pense que si l'un d'entre nous parviens à trouver une mandarine issue de semis pouvant résister à un -14°, cet arbre méritera bien de porter le nom de ce chercheur qui aurait surement été un membre actif d'Agrumes Passion à la section des rustiques.